Près de 4 mois après la dissolution, 3 mois après le premier tour des élections législatives, un Premier ministre s’est enfin présenté cette semaine devant l’Assemblée nationale et les représentants de la Nation pour sa déclaration de politique générale.
Pendant tout ce temps, le gouvernement a géré ce qu’il a appelé les “affaires courantes”, sans contrôle de son action par les parlementaires. Cette rentrée parlementaire était donc tout d’abord la fin de cette anomalie démocratique, avec l’ouverture de la session parlementaire.
Je n’attendais rien de la déclaration de politique générale du Premier Ministre…
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- Je n’avais aucune attente vis-à-vis de ce gouvernement qui est une coalition de perdants. Après une élection européenne lors de laquelle les macronistes et les LR ont été défaits, une élection législative lors de laquelle ils ont été défaits… Nous les retrouvons aujourd’hui, unis, au gouvernement !
- Je n’avais aucune attente vis-à-vis de ce gouvernement qui est le plus à droite de l’histoire de la 5ème République. Au-delà du casting qui ressemble à la tête de cortège de La Manif pour tous, les premières déclarations du Ministre de l’Intérieur sur l’immigration donnent le ton de ce que sera la ligne politique de ce gouvernement : à droite toute.
- Je n’avais aucune attente vis-à-vis de ce gouvernement qui est un bras d’honneur fait au front républicain. Après avoir été nommé Premier ministre grâce à la bienveillance de Marine Le Pen, Michel Barnier s’empresse désormais de s’excuser auprès d’elle quand un de ses ministres ose la critiquer. Une insulte faite aux Français qui ont fait barrage au RN.
… Mais j’ai quand même été déçu !
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- Alors que nous vivons une situation politique et institutionnelle inédite, nous avons assisté à un discours de politique générale d’une banalité confondante. Michel Barnier est un Premier ministre sans idées et sans majorité, si on en croit l’absence totale de réactions de soutien sur les bancs des groupes de droite. Pire, se savant sous surveillance de l’extrême-droite, Michel Barnier a multiplié les clins d’œil à Marine Le Pen sur l’immigration ou la sécurité.
- Aucune prise en compte du vote des Français et de leurs préoccupations. Rien ou si peu sur la question du pouvoir d’achat – l’augmentation du SMIC annoncée est automatique -, rien ou si peu sur la réforme des retraites – des corrections renvoyées à une négociation -, rien ou si peu sur la justice fiscale – des contributions exceptionnelles pour des injustices qui, elles, sont bien structurelles ! C’est définitivement la poursuite du macronisme !
- Sur les questions budgétaires, qui devaient être au cœur de sa déclaration de politique générale, Michel Barnier a totalement noyé le poisson. Il a commencé son discours sur la gravité de la situation, nous a promis une baisse drastique des dépenses publiques… sans nous dire lesquelles ! Cela promet une cure d’austérité lors de la présentation du budget la semaine prochaine.
Plus que jamais, avec mes collègues députés socialistes, nous contestons ce gouvernement comme son projet politique car nous considérons qu’il ne respecte pas la volonté des Français telle qu’ils l’ont exprimé au suffrage universel direct.
Si nous choisissons, en conscience et en responsabilité, de provoquer dans quelques jours un vote de défiance, c’est parce que c’est notre devoir démocratique le plus élémentaire de le faire.