Ce mercredi 16 octobre, j’ai interrogé, en Commission des affaires culturelles et de l’éducation, les représentants des principaux syndicats du spectacle vivant (Syndeac, Synavi, SNAM-CGT et CGT Spectacles), au sujet des financements croisés à destination du secteur du spectacle vivant.
En effet, la culture faisant partie des compétences partagées entre l’État et les collectivités territoriales, elle est, à ce titre, financée par des mairies, métropoles, départements et régions, selon les projets. Ces financements, issus de budgets restreints, sont souvent les premiers à être victimes des politiques de réduction des dépenses.
Il convient également de rappeler la violence symbolique dont a été globalement victime la culture pendant la crise du Covid, quand celle-ci a été considérée par certains comme “non essentielle”.
Dans ce cadre, ma question aux syndicats présents a porté sur leur regard concernant l’évolution des budgets alloués au spectacle vivant et sur les éventuelles difficultés liées à la multiplicité des financeurs.
Dans sa réponse, Nicolas Dubourg, Président du Syndeac, a déploré un “délabrement constant” des budgets depuis 20 ans et a plaidé pour plus de transparence sur le rôle des collectivités, reconnaissant une opacité ressentie par les professionnels. Il a également appelé à une troisième vague de décentralisation, insistant sur l’importance d’inclure la ruralité et l’éco-responsabilité dans l’élaboration des politiques culturelles.
Verbatim de mon intervention :
Pierrick COURBON :
La culture fait partie des compétences partagées entre l’État et les collectivités territoriales, qu’on oublie souvent. En effet, les mairies, les métropoles, les régions, les départements financent la culture, et en particulier le spectacle vivant, à travers des petits budgets, des budgets résiduels, qui sont souvent les premiers à être amputés, au motif, pour certains, et nous l’avons entendu il n’y a pas si longtemps pendant le Covid, que la culture ne serait pas essentielle. Mais également au motif que si on supprime un budget ici, d’autres pourront continuer à intervenir et seront toujours là.
Dans ce cadre, la question que je voulais vous poser est simple, que pouvez-vous nous dire de l’évolution des financements publics par l’État et les collectivités territoriales ? On va dire sur une dizaine d’années ? Notamment, est-ce que vous considérez que cette kyrielle d’acteurs, d’intervenants et de financeurs est plutôt un filet de sécurité vis-à-vis du désengagement que l’on peut rencontrer sur certains territoires ? Ou est-ce, au contraire, une complexité qui vous oblige à multiplier un certain nombre de dossiers de demandes de subventions ? Enfin, tout simplement, quelles sont les évolutions auxquelles vous aspirez en termes de financements publics, au delà du montant en euros ?
Nicolas DUBOURG :
Nous sommes dans une évolution du secteur d’un point de vue budgétaire, qui a été un délabrement constant depuis bientôt 20 ans. Dans ce cadre, le rôle des collectivités territoriales, la manière dont ces collectivités territoriales travaillent avec l’État, nous avons beau avoir quelques observations qui sont conduites, il y a finalement très peu de transparence sur la manière dont cela fonctionne. S’il est possible d’observer dans le conseil d’administration d’un théâtre ou dans le cas d’une compagnie, quelques difficultés, nous avons rarement les cas précis.
Il serait peut-être intéressant que la représentation nationale se saisisse de cette question, et fasse une enquête sur ce sujet-là, en essayant de prendre un territoire donné et d’essayer d’évaluer, sur une période donnée, la manière dont ces budgets ont évolué, la manière dont certaines collectivités se sont engagées ou désengagées. À ce titre nous avions demandé à être auditionnés par des ministres, pas de la culture, mais des territoires, car c’est un sujet qui les concerne, bien évidemment.
Personnellement je pense qu’il y a des évolutions possibles : oui pour une troisième vague de décentralisation. Oui pour affronter la question de la ruralité avec une véritable compréhension de ce qu’est la ruralité. Oui pour intégrer cette question dans des démarches d’éco-responsabilité et de transition écologique.