Les alertes de soignants, de patients, s’enchaînent, s’accumulent, s’aggravent. Pourtant, l’hôpital public poursuit sa longue agonie. « À l’hôpital, les gens crèvent, les collègues rendent leurs blouses, parce qu’ils ne veulent plus rentrer chez eux, pleurer et revenir le lendemain. Ça ne peut plus tenir », s’alarme Yann Le Baron, secrétaire général UNSA.
Alors que notre système de santé est en souffrance, la France ne reconnaît toujours pas dignement les plus de 5000 praticiens étrangers ou diplômés à l’étranger hors de l’Union européenne (PADHUE) – chiffre largement sous-estimé selon l’ordre des médecins. Près de 2000 d’entre eux sont exposés au danger de voir leur contrat se terminer en 2024. Possiblement 2000 médecins de moins pour nos services d’ores et déjà sous tension.
Ces médecins étrangers sont pourtant vitaux pour maintenir l’offre de soins. Ils représenteraient 9,7 % des médecins spécialistes chirurgicaux en activité et près de 10 % des spécialistes. Principalement venus d’Algérie, de Tunisie, de Syrie ou du Maroc, ils sont particulièrement cruciaux dans les départements présentant les plus faibles densités médicales. Pourtant, ces soignants sont soumis à de plus en plus de difficultés administratives pour exercer dignement, et les réformes engagées depuis 2017, n’ont eu de cesse de complexifier et aggraver leurs conditions d’exercice.
Une injustice pour les PADHUE, pour l’ensemble des soignants, comme pour tous nos concitoyens.
Certaines situations en deviennent ubuesques, voire dégradantes. Après dix ans d’expérience en Algérie, un médecin peut ainsi exercer depuis quatre ans en France, allant jusqu’à former des internes, et pourtant ne percevoir que 1 450 euros bruts par mois. Le tout, en enchaînant les gardes et contrats courts, sous un statut précaire d’« assistant » ou d’« associé », sous la tutelle d’un autre médecin. Certains hôpitaux, par soucis d’économies, recourent même massivement aux PADHUE.
Pour espérer prétendre à un salaire et un contrat décent, les PADHUE doivent désormais passer un concours qui ne dit pas son nom, les épreuves de vérification des connaissances (EVC). En décalage complet avec les besoins des hôpitaux. Pire, les PADHUE n’ont qu’un nombre de chances limitées pour le passer, « sinon, c’est soit reconversion, soit retour au pays ! C’est inacceptable car on a choisi d’être médecin », résume un médecin dans ce cas, dans un article.
La France prend donc le risque de se priver de soignants, pour un hôpital d’ores et déjà asphyxié.
En janvier 2024, Emmanuel Macron promettait « de régulariser un certain nombre de ces médecins étrangers », qui « tiennent à bout de bras nos services de soin » et qui sont « laissés dans une précarité administrative ». Depuis ? Trop peu de choses. Aux démarches administratives pour leurs diplômes s’ajoutent celles du renouvellement de titre de séjour. « À peine tu obtiens ton titre de séjour que tu dois stresser pour le prochain », déplore dans un article une médecin camerounaise. Une aberration, au point que certains médecins étrangers se trouvent sans contrat, sans titre de séjour, et sous OQTF pour ne pas avoir réussi un examen, après des années d’exercices dans nos hôpitaux. « Par les mises à la porte, ils perdent leur droit au séjour. Vous avez donc des PADHUE en France qui travaillent à l’APHP, et qui ont peur de sortir de chez eux parce qu’ils n’ont pas de papiers ! », dénonce Olivier Varnet, secrétaire général du Syndicat national des médecins hospitaliers FO.
Pourtant, pénurie de soignants, déserts médicaux et les urgences s’engorgent. Soignants en sous effectifs, épuisés, lessivés, ou en arrêts, et les urgences « régulent ». Fermetures de lits, et files de brancards qui s’allongent… des heures d’attentes sans prise en charge, certains venus se soigner en meurent. Pour ne pas priver nos hôpitaux et nos concitoyens de près de ces soignants, pour l’égalité entre les travailleurs, il est urgent de voter pour une juste reconnaissance des PADHUE.
Lire sur le site de l’Humanité :
PADHUE : notre santé a besoin des médecins étrangers
Les alertes de soignants, de patients, s’enchaînent, s’accumulent, s’aggravent. Pourtant, l’hôpital public poursuit sa longue agonie. « À l’hôpital, les gens crèvent, les collègues rendent leurs blouses, parce qu’ils ne veulent plus rentrer chez eux, pleurer et revenir le lendemain. Ça ne peut plus tenir », s’alarme Yann Le Baron, secrétaire général UNSA.