Liaison TER Saint-Étienne / Lyon : la priorité des investissements doit aller vers la sécurisation de l’infrastructure ferroviaire

Ce mardi 26 novembre, à l’occasion d’une séance de questions orales sans débat à l’Assemblée nationale, j’ai interrogé M. François DUROVRAY, Ministre des Transports, sur les dysfonctionnements récurrents de la ligne TER SNCF entre Saint-Étienne et Lyon.

J’ai notamment rappelé la forte fréquentation de la ligne, le caractère vieillissant de l’infrastructure, ainsi que les interruptions fréquentes de trafic. En effet, ces dernières sont de plus en plus régulières, en raison des aléas climatiques, comme des éboulements de terrain, des chutes d’arbres ou encore, récemment, les inondations qui ont interrompu la circulation pendant plusieurs semaines.

J’ai pu relayer la parole des usagers, qui sont à bout vis-à-vis de cette situation inacceptable, qui perdure depuis déjà trop longtemps.

À travers ma question, j’ai interpellé le ministre sur la priorité absolue qui doit être donnée à fiabilité de l’exploitation et à la résilience de l’infrastructure.

J’ai notamment demandé deux choses. D’une part, la mise en place de manière automatique, systématique et immédiate de bus de substitution en quantité suffisante en cas d’interruption du trafic. Et, d’autre part, j’ai appelé à un travail concerté sur la sécurisation de l’infrastructure, par l’organisation de travaux de confortement et de soutènement sur les points bien identifiés de fragilité de la ligne.

Dans sa réponse, le ministre a reconnu la fragilité de cette ligne et a indiqué que des études étaient en cours, afin de traiter les questions de renforcement de l’infrastructure. Le ministre s’est également engagé à rendre compte aux élu·es, dans les prochaines semaines, des programmes d’actions qui seront mis en œuvre, tant pour le renforcement de la ligne, que pour l’amélioration de sa résilience.

Je serai très attentif, dans les semaines à venir, quant aux évolutions de ce dossier d’intérêt majeur pour notre territoire.

Découvrez ma question : 

Découvrez la réponse du Ministre : 

Découvrez ma réplique : 

Verbatim de mon intervention : 

Pierrick Courbon :

Ma question s’adresse à Monsieur le Ministre des Transports,

Monsieur le Ministre,

La ligne TER Saint-Etienne / Lyon transporte quotidiennement 20.000 voyageurs, elle est l’une des plus fréquentées de France.

L’abandon du projet autoroutier A45, combiné à une volonté politique croissante de favoriser le report modal de la voiture vers le train afin de désengorger l’actuelle autoroute A47, laisse entrevoir une logique d’augmentation du nombre de passagers à transporter par le rail à l’avenir.

Or, l’infrastructure ferroviaire entre les deux principales villes de la région Auvergne – Rhône-Alpes (AURA) est vieillissante, pour ne pas dire obsolète, et largement saturée en termes de sillons disponibles, et ce, malgré la création récente d’un nouveau quai en gare de Lyon Part-Dieu.

Les dysfonctionnements sont nombreux, même en l’absence d’aléa : trains bondés aux heures de pointe en raison de la faiblesse de la capacité d’emport, des retards quotidiens, des annulations fréquentes…

Depuis quelques années, la situation empire avec la recrudescence d’événements climatiques tels que éboulements de terrain, chutes d’arbres, comme récemment avec les terribles inondations d’octobre, lesquelles ont causé la suspension du trafic pendant plusieurs semaines, sans aucune offre de substitution proposée par la SNCF ou la Région pendant plusieurs jours. Hier encore, la circulation des trains était complètement interrompue avec aucune solution de substitution, en raison de l’épisode venteux.

Les usagers du rail n’en peuvent plus.

Cette situation inacceptable ne peut pas perdurer ainsi.

Si nous voulons créer les conditions d’un nécessaire choc d’offre pour transporter encore plus de passagers par le rail à l’avenir, il nous faut d’abord procéder à un choc qualitatif en termes de fiabilité d’exploitation et de fiabilité de l’infrastructure.

Chacun a un rôle à jouer et sa part de responsabilité : la Région AURA, avec les retards pris dans la commande de nouvelles rames, n’est pas exempte de reproches, tout comme l’ensemble des collectivités locales qui étaient prêtes à financer, jadis, l’autoroute A45 mais qui n’ont à ce jour pas réorienté la totalité des investissements prévus vers ses alternatives, contrairement à l’Etat. La SNCF quant à elle, semble tout faire pour nous faire préférer autre chose que le train.

Face à l’urgence et l’exaspération des usagers, il faut agir et agir vite.

Monsieur le Ministre, ma question est double.

D’une part, je demande à l’Etat, en lien avec les collectivités locales et la SNCF, d’organiser la mise en place de manière automatique, systématique et immédiate, de bus de substitution en quantité suffisante en cas d’interruption du trafic,

D’autre part, et surtout, il est urgent de travailler à la sécurisation de l’infrastructure et à sa résilience aux aléas, par l’organisation d’intenses travaux de confortement et de soutènement sur les points bien identifiés de fragilité.

Dans ce cadre, une étude est en cours dans le cadre du programme « Mobilyse » sur l’amélioration globale de la mobilité entre Saint-Etienne et Lyon, piloté par la Préfecture de Région. Quand en connaîtrons-nous les résultats et est-ce que l’État entend éventuellement massifier son volume d’investissements au regard de l’ampleur des travaux qui devront probablement être réalisés ? Et si, oui, à quelles conditions ?

François Durovray, ministre délégué chargé des transports : 

Je vous remercie de m’interroger au sujet des déplacements entre Saint-Étienne et Lyon. Comme vous l’avez indiqué, il s’agit de l’une des liaisons les plus importantes en dehors de l’Île-de-France : 20 000 passagers font chaque jour le trajet sur cette ligne ferroviaire, qui connaît des difficultés liées à la massification du trafic, à la suite de l’abandon du projet autoroutier A45. Ces difficultés obligent – j’emploie ce terme positivement – l’État et les collectivités locales à trouver des solutions en matière de transport public. Vous savez que l’État est responsable des infrastructures, en lien avec les régions, dans le cadre des contrats de plan État-région (CPER), tandis que les régions sont les autorités organisatrices et ont la charge de l’offre de transport public.

Des travaux ont d’ores et déjà été lancés par l’État, conjointement avec la région et avec SNCF Réseau, qui ont investi 250 millions pour améliorer la robustesse du réseau ferroviaire et augmenter la capacité de la ligne ferroviaire, notamment en renforçant l’alimentation électrique et en allongeant les quais des gares. La région a ainsi acheté dix-neuf nouvelles rames. L’objectif est clair : faire circuler à partir de 2027 des trains composés de trois rames, contre une ou deux actuellement, ce qui permettra de transporter plus d’usagers, dans des conditions plus confortables.

Vous avez évoqué les fragilités de cette ligne, notamment face aux épisodes climatiques extrêmes, comme les inondations que nous avons connues en octobre dernier. J’ai eu l’occasion de me rendre à Givors et d’accompagner les équipes qui sont à pied d’œuvre pour rétablir la circulation. Des dispositions ont été prises pour offrir des solutions de transport malgré les difficultés ferroviaires. Cependant, il est très compliqué de maintenir le niveau normal car, concrètement, pour transporter 20 000 passagers, il faut 400 cars. Nous nous efforçons cependant d’améliorer la situation.

Enfin, sachez que des études sont en cours pour établir un diagnostic de vulnérabilité de la ligne ferroviaire afin de la renforcer. J’espère avoir l’occasion, dans les prochaines semaines, de rendre compte devant vous et les élus de la région Auvergne-Rhône-Alpes des programmes d’action que nous déploierons afin d’améliorer la résilience de la ligne et de renforcer sa capacité.

 

Pierrick Courbon :

Je vous remercie pour votre réponse. Nous faisons face effectivement à un double enjeu : la capacité d’emport et la résilience. Vous avez évoqué les investissements programmés. Malheureusement, nous aurons beau avoir les trains les meilleurs et les plus confortables, s’ils ne peuvent pas rouler, 20 000 passagers se trouveront de nouveau dans la panade chaque jour. La priorité doit donc être donnée à la sécurisation de l’infrastructure.

Pour cela, des investissements colossaux devront être réalisés. En effet, l’infrastructure est coincée entre une rivière, une autoroute et une montagne ; il faudra que l’État, et peut-être aussi les collectivités locales, même si les infrastructures ne relèvent pas de leur domaine de compétence, mettent au pot.

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