C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de Michel Debout, militant infatigable, médecin engagé et camarade d’une intégrité rare. Michel laisse derrière lui une empreinte indélébile, celle d’un homme profondément humaniste et d’un défenseur acharné des droits humains et sociaux.
Dès sa jeunesse, Michel s’est distingué par son engagement altruiste et visionnaire. Étudiant en médecine, il s’investit très tôt dans la vie associative, devenant président de l’AGEL (Association Générale des Étudiants de Lyon). À ce titre, il fut également administrateur de la MNEF et du CROUS, contribuant à la structuration de politiques de soutien aux étudiants.
Jeune médecin, Michel a marqué durablement la santé publique en prenant à bras-le-corps des dossiers majeurs tels que l’avortement, la toxicomanie et les violences.
Sa vision progressiste et son sens aigu de la justice sociale l’ont conduit à fonder, dès les années 1970, plusieurs associations :
• L’Association Choisir Lyon – MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception), à une époque où le combat pour le droit à l’avortement était encore loin d’être gagné.
• L’Association Rimbaud, une structure stéphanoise d’accompagnement des toxicomanes, témoignant de son approche humaine et novatrice sur ces enjeux.
• Le Mouvement Santé Population, militant pour une transformation profonde de l’Ordre des Médecins, reflétant son exigence éthique et démocratique dans le domaine de la santé.
Michel Debout a également été une figure centrale dans la lutte contre le suicide, un sujet qu’il a porté avec force tout au long de sa carrière. Il a œuvré pour briser les tabous, en alertant sur les signaux de détresse et en promouvant des politiques publiques dédiées à la prévention. En tant que médecin légiste, il a également apporté un éclairage précieux sur les violences sociétales et les conditions de travail, enrichissant ainsi ses combats politiques d’une expertise rare et reconnue.
Au sein du Parti Socialiste, Michel a incarné un engagement sans faille. Ancien premier secrétaire fédéral de la Loire, membre du Bureau National, membre fondateur de la « Fondation Jean Jaurès » il a marqué les esprits par son dévouement et sa capacité à rassembler. Michel Debout fut élu en 1986 au conseil régional de Rhône-Alpes (réélu en 1992). Il fut conseiller municipal d’opposition à Saint-Étienne, puis au Chambon-Feugerolles entre 1983 et 1995. Son action locale témoigne de sa volonté d’agir concrètement pour les territoires qu’il chérissait.
Sa présence régulière aux réunions de section de Saint-Etienne et du Parti Socialiste de la Loire toujours prêt à accueillir et former les nouveaux camarades, témoignait de son attachement profond à la transmission et à la vitalité militante.
Au fil des années, Michel Debout a fait des risques psychosociaux au travail l’un de ses principaux chevaux de bataille. Convaincu que la santé mentale et le bien-être des travailleurs étaient des enjeux fondamentaux, il n’a cessé d’alerter sur les dangers des conditions de travail toxiques, des pressions excessives et du harcèlement.
Auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, il a contribué à sensibiliser les décideurs politiques, les entreprises et le grand public à l’importance de prévenir les souffrances au travail.
Membre du Conseil économique social et environnemental (CESE) de 1991 à 2015, il fut l’auteur de trois rapports : Le suicide (1993), Travail, Violences, Environnement (1999), Le harcèlement moral au travail (2001).
Il a créé le laboratoire VTE (Violences, Travail, Environnement) avec M. Yves GRASSET, et participé activement à la réflexion, tant sur la compréhension des dynamiques des risques psychosociaux, que sur le processus et les conditions de l’intervention, notamment avec l’ANACT et la DGT.
Dans son dernier livre « L’Art du rendez-vous », Michel s’est attardé sur l’importance du temps accordé à autrui dans un monde marqué par l’urgence et l’individualisme.
Tout au long de sa vie, Michel a également été un ardent défenseur des droits des femmes, dénonçant les injustices et œuvrant sans relâche pour l’égalité. Sa lutte contre le harcèlement au travail, qu’il qualifiait de “violence insidieuse et dévastatrice”, reste aujourd’hui encore d’une actualité brûlante.
A quelques jours du 25 novembre – journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes – en tant que militant.es féministes, nous aurons naturellement une pensée émue pour Michel.
Le Parti Socialiste de la Loire perd aujourd’hui un camarade, un modèle, un pionnier. Mais son héritage, immense, continuera d’éclairer notre chemin.
À ses proches, à tous ceux et celles qui l’ont connu et aimé, nous adressons nos pensées les plus sincères et fraternelles.
Michel, ta voix, ton combat et ton sourire résonneront encore longtemps dans nos mémoires et dans nos actions.
Johann Cesa, premier secrétaire fédéral du Parti Socialiste de la Loire ;
Pierrick COURBON, Jean-Claude Tissot, parlementaires de la Loire ;
Arlette Bernard, Brigitte Dumoulin, Régis Juanico et Jean-Jacques LADET, conseillers départementaux ;
Isabelle Dumestre, présidente du groupe « Saint-Etienne Demain » ;
Jean Paul Chartron et Gerard Lindeperg, anciens premiers secrétaires fédéraux du Parti Socialiste de la Loire ;
Marc VERICEL, secrétaire fédéral et Doyen honoraire de la Faculté de Droit de Saint-Etienne.