C’est malheureusement sans grande surprise, au regard des rumeurs de difficultés persistantes entendues depuis plusieurs mois, que nous avons appris le 18 février le départ de l’exploitant des Halles Mazerat, Biltoki.
Dès le début, nous avions salué la volonté municipale de réhabilitation des halles, l’une des rares réalisations positives du second mandat de G. Perdriau. Mais nous avions alerté de manière concomitante sur le fait que, inspirées de réalisations similaires en France et à l’étranger, ces « halles gourmandes » ne seraient économiquement viables à Saint-Étienne qu’à la condition qu’elles proposent une offre adaptée à la réalité socio-économique de notre Ville et au pouvoir d’achat de ses habitants.
Passé l’euphorie béate des mois suivant l’ouverture, force est de constater l’impasse du modèle économique proposé par le groupe Biltoki, qui semble donc avoir décidé d’arrêter les frais au bout de seulement trois ans, laissant sur le carreau des commerçants désemparés.
Ni l’échec chronique des commerces ne proposant pas d’offre de restauration sur place (primeurs…), ni l’important turn-over de boutiques du fait de résiliations anticipées de baux pour cause de loyers exorbitants, ni la vacance de plus de la moitié des cellules, n’auront incité la Ville à enjoindre Biltoki à rectifier le tir avant qu’il ne soit trop tard.
Les Halles allaient dans le mur, mais il convenait d’y aller à toute vitesse et bien entendu, sans aucune remise en question, au nom de la désormais bien connue « méthode coué » de l’équipe municipale en matière commerciale.
Dans l’attente d’une hypothétique reprise, que nous ne pouvons que souhaiter dans l’intérêt des salariés concernés, notre commerce de centre-ville voit son ultime locomotive commerciale vaciller.
Si d’aventure aucune offre n’était présentée, nous proposerons de mettre fin au bail emphytéotique liant les Halles à la société Inovy et que la Ville puisse ainsi récupérer la pleine propriété de cet équipement.
Ainsi, ce lieu pourrait retrouver la philosophie même de la raison de sa reconstruction : des halles municipales, populaires et abordables, adaptées à la clientèle stéphanoise, et permettant aux commerçants volontaristes de bénéficier d’une cellule de vente attractive contre un loyer modique, sans avoir à investir dans un fonds de commerce au montant souvent dissuasif.
Comment dépasser les erreurs stratégiques qui se sont accumulées depuis 2014 ? Construction de Steel, arrêt de la piétonnisation de l’hypercentre, politique de stationnement incompréhensible, atermoiements coupables concernant le parking des Ursules, cafouillage dans la gestion de la friche H&M… la liste est longue et sans appel.
Au-delà de ce naufrage commercial annoncé, c’est bien dans sa globalité, la politique commerciale mortifère de notre ville qu’il convient de dénoncer.