Cette loi d’orientation aurait dû se concentrer sur le renouvellement des générations et le partage du foncier agricole. Alors que 10 millions d’hectares, soit un tiers de la surface agricole de notre pays va changer de mains, seule la relève générationnelle, avec l’installation de 150 000 agriculteurs, nous permettrait de conserver 500 000 exploitants dans notre pays et de garantir tout à la fois notre souveraineté alimentaire, la prospérité de nos exploitants et des pratiques agroécologiques.
À rebours de ces enjeux, la commission mixte paritaire a trouvé un accord sur un texte qui cible les règles environnementales comme principales sources des difficultés rencontrées par nos agriculteurs. Les vrais sujets sont ailleurs.
En 30 ans, le revenu net de la branche agricole a baissé de près de 40 % en France en euros constants, quand le prix de l’alimentaire a augmenté de 70 % depuis 2000. C’est le résultat d’une captation continue de la valeur par la grande distribution et les industriels.
Nous devons la vérité au monde agricole : ce texte ne réglera ni la question du revenu agricole ni celle de la concurrence déloyale face aux produits importés qui ne respectent pas nos normes de production. Aucune disposition ne permet de rééquilibrer les négociations commerciales.
Les conditions d’examen de la commission mixte paritaire ne nous permettent pas d’évaluer les risques environnementaux que générera le texte (dépénalisation des atteintes à l’environnement, remise en cause du principe de non régression environnementale, principe d’interdiction sans solution faisant fi des avancées de la recherche et de la science, suppression massive des références à l’agroécologie et au changement climatique …). Par contre, nous sommes certains qu’ils vont accentuer les fractures dans nos territoires et condamner notre modèle agricole à l’immobilisme au moment de l’accélération du changement climatique.
En votant contre ce texte nous appelons à une véritable loi d’orientation fondée sur les régulations économiques, le partage de la valeur et l’accès au foncier pour les nouvelles générations d’agriculteurs.