La dissolution des associations de supporters : un non-sens en matière de sécurité, une offense pour l’animation des tribunes

Avec 60 collègues, j’ai initié une tribune publiée le 21/03/2025 dans le journal Le Monde intitulée « S’aliéner les supporteurs, c’est condamner l’avenir du football français », appelant à un moratoire sur les procédures de dissolution d’associations de supporters et à l’organisation d’Etats généraux du football. Vous trouverez ci-dessous le texte de cette tribune ainsi que les signataires :

Depuis plusieurs mois, le milieu du football bruisse : une volonté politique menace de dissolution plusieurs groupes et associations de supporteurs de clubs de football de Ligue 1 et de Ligue 2. Une telle décision révélerait une incompréhensible méconnaissance du fonctionnement des tribunes de football et du rôle réel des groupes de supporteurs « ultras », qui seraient ainsi opportunément assimilés au hooliganisme.

Bien évidemment, nous ne pouvons que souscrire à la nécessité d’éradiquer toute forme de violence ou de comportement haineux dans et aux abords des stades. C’est dans cette optique que la France s’est dotée d’un arsenal législatif unique, donnant à trois autorités distinctes la compétence d’interdire individuellement de stade les fauteurs de troubles : la justice, les préfectures et les clubs.

Mais il est tout aussi évident que le recours à des mesures collectives comme les dissolutions serait une très mauvaise réponse à un vrai enjeu et relèverait de la « fausse bonne idée » en matière de sécurité.

La présence de cadres bénévoles et d’interlocuteurs clairement identifiés dans les tribunes populaires, organisées autour d’associations agissant en véritables « partenaires », est en effet une condition favorisant le nécessaire dialogue entre les clubs, les forces de sécurité, les instances sportives, les pouvoirs publics et les supporteurs.

La disparition de structures et d’individus connus du paysage du « supporteurisme » dégraderait la capacité à gérer les foules, à réguler les conflits en tribune, à organiser et sécuriser les déplacements à l’extérieur et à juguler les comportements individuels répréhensibles (dérives racistes et identitaires telles que l’on en connaît dans certains stades, violence physique, etc.).

La plupart des clubs, l’instance nationale du supportérisme (INS), mais aussi des acteurs territoriaux de la sécurité ne disent pas le contraire, voire redoutent de devoir être contraints de gérer chaque semaine des situations potentiellement bien plus complexes voire dangereuses que ce que nous connaissons aujourd’hui. La dissolution de groupes ouvre en effet la voie à l’arrivée de groupes plus radicaux que les associations actuelles ne pourront plus juguler et rendra impossible la collecte d’informations indispensables pour l’organisation anticipée et documentée de la sécurité des rencontres.

Quand le remède est unanimement envisagé comme étant pire que le mal, il semble logique de reconsidérer son point de vue. Nul ne saurait imaginer qu’une telle mesure ait pour effet d’organiser le désordre qu’elle entend prévenir. Nos tribunes méritent mieux que cela. Nous alertons aussi sur le fait que ce processus pourrait conduire à un « rassemblement des causes » et à un véritable mouvement de contestation des tribunes françaises, dans un milieu où la rivalité n’efface pas la solidarité entre groupes.

A l’heure où le football français rencontre une double crise économique et de gouvernance, les supporteurs sont le roc sur lequel rebâtir un modèle. S’aliéner les supporteurs, c’est condamner l’avenir.

La solidarité est aussi ce qui caractérise la vie associative de ces structures qui, pour certaines d’entre elles, comptent plusieurs décennies d’engagement à leur actif, au-delà des animations sportives. Toutes ou presque sont parfaitement intégrées dans la vie de leur territoire, en particulier à travers de nombreuses opérations partenariales établies avec d’autres associations, sportives, culturelles ou caritatives.

Enfin, la fidélité, l’engouement et la ferveur des « ultras » sont unanimement reconnus et très souvent mis en avant. Ces valeurs sont illustrées par les multiples animations qu’ils proposent en tribune, et nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui vont au stade pour vivre cette expérience, davantage que pour regarder ce qui se passe sur le terrain – là se joue la différence entre le stade et la télévision. Ce sont d’ailleurs les images de ces animations, organisées par les groupes de supporters, qui servent fréquemment de support de communication, voire de produit d’appel, de la part des diffuseurs, de la presse sportive ou à l’occasion d’opérations de marketing territorial des pouvoirs publics. La dissolution de ces associations signerait la disparition de la plupart des animations de tribunes. Le football, nos stades, ne peuvent se payer le luxe de perdre leur douzième homme.

La ministre des sports, Marie Barsacq, a récemment déclaré, à l’Assemblée nationale, vouloir tout faire pour privilégier les sanctions individuelles aux mesures collectives, par définition injustes et brutales. Nous ne pouvons que souscrire à un tel modèle, qui a fait ses preuves chez nos voisins européens et qui fait l’unanimité auprès de tous les spécialistes.

Fervents défenseurs des libertés associatives tout autant que de l’Etat de droit, nous appelons à un moratoire sur les procédures de dissolution et à l’organisation d’Etats généraux du football, qu’Amélie Oudéa-Castéra [ancienne ministre des sports] entendait construire avec ses collègues de l’intérieur et de la justice. L’heure est à la reprise d’un dialogue constructif avec les supporteurs et leurs représentants, associant les clubs, la Ligue de football professionnel, l’INS, les pouvoirs publics et les diffuseurs télévisuels.

Signataires :

 

Pierrick Courbon, Député de la Loire

 

Cathy Apourceau-Poly, Sénatrice du Pas-de-Calais

Jérémy Bacchi, Sénateur des Bouches-du-Rhône

Fabrice Barusseau, Député de la Charente-Maritime

Belkhir Belhaddad, Député de la Moselle

Karim Benbrahim, Député de la Loire-Atlantique

Sylvie Bonnet, Députée de la Loire

Mickaël Bouloux, Député d’Ille-et-Vilaine

Soumya Bourouaha, Députée de la Seine-Saint-Denis

Céline Brulin, Sénatrice de la Seine-Maritime

Yan Chantrel, Sénateur des Français établis hors de France

Paul Christophle, Député de la Drôme

Alexis Corbière, Député de la Seine-Saint-Denis

Cécile Cukierman, Sénatrice de la Loire

Alain David, Député de la Gironde

Arthur Delaporte, Député du Calvados

Stéphane Delautrette, Député de la Haute-Vienne

Jérôme Durain, Sénateur de Saône-et-Loire

Iñaki Echaniz, Député des Pyrénées-Atlantiques

Romain Eskenazi, Député du Val-d’Oise

Olivier Faure, Député de Seine-et-Marne

Denis Fégné, Député des Hautes-Pyrénées

Guillaume Garot, Député de la Mayenne

Fabien Gay, Sénateur de la Seine-Saint-Denis

Pascale Got, Députée de la Gironde

Emmanuel Grégoire, Député de Paris

David Habib, Député des Pyrénées-Atlantiques

Stéphane Hablot, Député de Meurthe-et-Moselle

Ayda Hadizadeh, Députée du Val-d’Oise

Laurence Harribey, Sénatrice de la Gironde

Catherine Hervieu, Députée de Côte-d’Or

Céline Hervieu, Députée de Paris

Sacha Houlié, Député de la Vienne

Annie Le Houérou, Sénatrice des Côtes-d’Armor

Laurent Lhardit, Député des Bouches-du-Rhône

Jean-Jacques Lozach, Sénateur de la Creuse

Benjamin Lucas-Lundy, Député des Yvelines

Emmanuel Mandon, Député de la Loire

Estelle Mercier, Députée de Meurthe-et-Moselle

Corinne Narassiguin, Sénatrice de la Seine-Saint-Denis

Anna Pic, Députée de la Manche

Christine Pires Beaune, Députée du Puy-de-Dôme

Dominique Potier, Député de Meurthe-et-Moselle

Christophe Proença, Député du Lot

Jean-Claude Raux, Député de la Loire-Atlantique

Marie Récalde, Députée de la Gironde

Hervé Reynaud, Sénateur de la Loire

Pierre-Jean Rochette, Sénateur de la Loire

Claudia Rouaux, Députée d’Ille-et-Vilaine

Fabrice Roussel, Député de la Loire-Atlantique

François Ruffin, Député de la Somme

Sandrine Runel, Députée du Rhône

Sébastien Saint-Pasteur, Député de la Gironde

Hervé Saulignac, Député de l’Ardèche

Danielle Simonnet, Députée de Paris

Jean-Pierre Taite, Député de la Loire

David Taupiac, Député du Gers

Mélanie Thomin, Députée du Finistère

Jean-Claude Tissot, Sénateur de la Loire

Roger Vicot, Député du Nord

Adel Ziane, Sénateur de la Seine-Saint-Denis

Lire dans la presse :

« S’aliéner les supporteurs, c’est condamner l’avenir du football français »

Privilégier les mesures collectives, comme la dissolution de groupes de supporteurs, pour lutter contre les violences et les comportements haineux dans les stades risque d’aggraver la situation sur place et de fragiliser davantage un milieu en pleine crise économique, plaide un collectif d’élus emmené par le député socialiste Pierrick Courbon dans une tribune au « Monde ».

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