Dans le cadre de l’enquête sur les modalités du contrôle par l’État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires, une première table ronde réunissant des représentants de collectifs de victimes a été organisée. Celle-ci a notamment réuni M. Alain Esquerre pour les victimes de Notre-Dame de Bétharram, M. Bernard Lafitte pour les victimes de Notre-Dame du Sacré Cœur de Dax, M. Michel Lavigne pour les victimes de Notre-Dame de Garaison, M. Frédéric Bénédite pour les victimes du Collège Saint-Pierre Relecq-Kerhuon, Mme Constance Bertrand pour les victimes de Saint- Dominique de Neuilly-sur-Seine, Mme Evelyne Le Bris pour les victimes du Bon pasteur d’Angers, M. Gilles Parent pour les victimes de Saint-François-Xavier d’Ustaritz, et Mme Ixchel Delaporte, pour les victimes de Riaumont de Liévin.
Les témoignages de ces victimes étaient tout aussi bouleversants que glaçants.
Entendre les paroles des victimes pour débuter la commission d’enquête sur les violences dans les établissements scolaires était une évidence.
Des témoignages dramatiques qui doivent nous permettre de prendre conscience du caractère systémique de ces violences.
La Commission d’enquête poursuit ses travaux pour que plus jamais de telles violences puissent exister.
Verbatim de mon intervention :
Merci pour la solennité de ce moment et vos témoignages, non pas courageux, mais nourris d’une légitime colère et qui sont aussi poignants que glaçants. Nous avons été un certain nombre à évoquer la question du contexte sociétal d’un certain nombre d’événements qui se sont produits il y a plusieurs décennies avec cette logique finalement qui disait, à l’époque, « une gifle mais c’était tout à fait normal » je pense qu’il ne faut pas du tout laisser monter ce discours-là qui serait finalement le meilleur moyen de ne pas permettre la libération de la parole vis-à-vis d’un certain nombre de personnes qui, aujourd’hui, se posent des questions. D’autant plus que, cela a été aussi évoqué, la situation actuelle n’est pas aujourd’hui exempte de d’exemples sans doute comparables avec des formes de violences qui ont pu évoluer, qui sont diverses, mais qui existeraient toujours bel et bien. Et finalement la preuve, c’est qu’il n’est pas normal qu’en 2025, que nous soyons réduits à regarder des groupes Facebook sur des réseaux sociaux pour pouvoir recueillir la parole d’un certain nombre de personnes qui de toute évidence ne semblent pas connaître, ne veulent pas, ou ne se sentent pas à l’aise dans d’autres cadres pour faire entendre leur parole. Et je le dis aussi, même si je pense que nous en sommes ici tous convaincus, il faut bien évidemment que dans ces groupes ainsi que les instances de dialogue et de concertation que vous avez pu créer, encourager bien évidemment systématiquement au dépôt de plaintes, de prescriptions ou pas, parce que c’est fondamental. J’aurai trois questions extrêmement brèves. Vous avez évoqué les cas horribles dans les établissements que vous avez fréquentés. Est-ce que vous pouvez préciser si ces violences physiques et sexuelles concernaient une majorité d’enfants qui les fréquentaient, voire tous les enfants, ou au contraire une minorité qui étaient quelque part les souffre-douleurs d’un certain nombre d’enseignants, de surveillants, etc ? Deuxième sujet, vous avez évoqué les atrocités physiques, les sévices sexuels, en parlant peu des violences psychologiques. Est-ce que, bien évidemment, elles étaient liées, mais est-ce que vous pouvez donner peut-être quelques illustrations sur ces violences-là qui peuvent aussi parfois laisser des traces et des séquelles beaucoup plus violentes et beaucoup plus dures que les violences physiques ? Et enfin, ça a été évoqué là aussi, un certain nombre d’établissements dont il est question sont toujours ouverts. Est-ce que les témoignages que vous avez pu recueillir laissent entendre qu’aujourd’hui, dans des établissements encore ouverts ou qui existent sous d’autres formes, ces situations n’existent réellement plus ? Ou est-ce qu’au contraire, nous sommes encore ici en train de parler d’établissements dont la situation aujourd’hui, à l’heure où on se parle, serait loin d’être irréprochable ?

