Alors que l’économie française enregistre un nouveau ralentissement inquiétant au 1er trimestre 2025, se traduisant par une hausse marquée des défaillances d’entreprises et du chômage, le gouvernement a acté ce samedi 26 avril, par simple décret, l’annulation de 3,1 milliards d’euros supplémentaires de crédits par rapport au budget 2025, promulgué il y a à peine deux mois.
Quelles sont les causes de cette décision ?
C’est en premier lieu le désarmement fiscal engagé depuis 2017 : la France ne parvient plus à engager les dépenses dont elle a besoin. Or, dans un contexte de restriction budgétaire, considérer que la baisse des prélèvements obligatoires, notamment pour les très riches et les grandes entreprises, est une priorité politique, reste une faute politique majeure.
En second lieu, pour apparaître comme bon élève en matière de réduction du déficit public et de la dette, le gouvernement semble à nouveau avoir basé son budget 2025 sur des hypothèses trop optimistes. Cet art de la manœuvre et de la manipulation des chiffres ne servent qu’à justifier ensuite une démarche austéritaire, comme celle engagée par le présent décret.
Qui peut encore décemment croire, comme l’explique le gouvernement, que ces nouvelles restrictions budgétaires « ne devraient pas remettre en cause de façon significative la capacité d’exécution des politiques publiques” ??? En réalité, c’est bien l’ensemble des politiques publiques qui seront impactées, au moment même où nous aurions besoin de l’investissement public pour amorcer une reprise de l’économie.
Voici, dans le détail, la répartition de ce nouvel effort budgétaire, qui traduit très clairement le renoncement du gouvernement à préparer l’avenir du pays :
– 549,6 M€ sur la mission « Ecologie, développement et mobilité durables » ;
– 517,7 M€ sur la mission « Economie » ;
– 493,3 M€ sur la mission « Recherche et enseignement supérieur » ;
– 225 M€ sur la mission « Investir pour la France de 2030 » ;
– 211,5 M€ sur la mission « Aide publique au développement » ;
– 140 M€ sur la mission « Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales » ;
– 116,6 M€ sur la mission « Justice » ;
– 115,7 M€ sur la mission « Relations avec les collectivités territoriales » ;
– 99,9 M€ sur la mission « Culture » ;
– 95 M€ sur la mission « Enseignement scolaire » ;
– 77 M€ sur la mission « Sécurités » ;
– 76,9 M€ sur la mission « Administration générale et territoriale de l’Etat » ;
– 72,9 M€ sur la mission « Action extérieure de l’Etat » ;
– 72,3 M€ sur la mission « Contrôle et exploitation aériens » ;
– 70,9 M€ sur la mission « Cohésion des territoires » ;
– 69 M€ sur la mission « Sport, jeunesse et vie associative » ;
– 63,2 M€ sur la mission « Prêts et avances à divers services de l’Etat ou organismes gérant des services publics » ;
– 54 M€ sur la mission « Transformation et fonction publiques » ;
– 46,7 M€ sur la mission « Gestion des finances publiques » ;
– 33,1 M€ sur la mission « Immigration, asile et intégration » ;
– 21,2 M€ sur la mission « Médias, livre et industries culturelles » ;
– 19,7 M€ sur la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux » ;
– 17,5 M€ sur la mission « Direction de l’action du Gouvernement » ;
– 7,8 M€ sur la mission « Anciens combattants, mémoire et liens avec la Nation » ;
– 6,2 M€ sur la mission « Engagements financiers de l’Etat » ;
– 3,4 M€ sur la mission « Conseil et contrôle de l’Etat ».
Avec mes collègues socialistes, nous dénonçons par ailleurs la méthode employée par le gouvernement, qui dévoie une nouvelle fois les règles de droit afin d’empêcher tout débat au sein du Parlement. Aussi, nous emploierons tous les moyens parlementaires à notre disposition pour combattre ces orientations délétères.

