« Derrière la froideur des chiffres, il y a des vies brisées, des familles meurtries et un territoire qui souffre » : la situation de Casino examinée à l’Assemblée

Ce mardi 13 mai avaient lieu les auditions de représentants des organisations syndicales des sept sociétés et des dirigeants du groupe Casino, dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire sur les défaillances des pouvoirs publics face à la multiplication des plans de licenciements. 

Je m’étais personnellement engagé, lors des élections législatives, à ce que la situation du groupe Casino soit abordée à l’Assemblée nationale, tant ce dossier est important pour notre territoire. À Saint-Étienne, Casino n’est pas simplement une enseigne, c’est une part essentielle de notre histoire, de notre économie locale et de la vie de milliers de familles. 

En devenant vice-Président de cette commission d’enquête au mois d’avril, j’avais ainsi obtenu du Président et du Rapporteur que Casino puisse faire l’objet de nos travaux.

L’objectif de ces deux auditions était donc d’apporter des éclairages sur la situation actuelle et sur la stratégie du groupe pour consolider et développer ce qu’il reste de Casino, mais aussi d’obtenir des réponses face aux inquiétudes des salariés quant à leur avenir au sein de l’entreprise.

Il y a tout d’abord le caractère glaçant des chiffres. Si la Direction évoque 2300 emplois supprimés, les organisations syndicales parlent de plus de 4000 emplois détruits, en incluant les départs volontaires, les gérants non salariés des magasins, et les emplois supprimés dans les magasins vendus mais fermés depuis. Du simple au double…, mais quoi qu’il en soit, Casino demeurera le plus grand plan social de France en 2024. Au siège à Saint-Etienne, si le chiffre officiel fait état de 554 suppressions nettes de postes, l’organigramme montre que plus de 1000 « postes de travail » ont disparu entre début 2024 et aujourd’hui.

Bien entendu, nous avons abordé la chronologie des faits ayant conduit à la chute de Casino, notamment en matière de « pouvoir d’agir » des salariés. Pourquoi les alertes n’ont-elles pas été entendues ? Quels leviers ont été (ou non) activés par les pouvoirs publics ? La nouvelle direction a-t-elle conscience des erreurs de la précédente et a-t-elle pris des mesures afin de ne pas les reproduire ? Que fait-on pour protéger les salariés, les sous-traitants, les franchisés ? L’avenir du groupe sur le territoire stéphanois est-il garanti ? Autant de questions qui ont animé plusieurs heures d’échanges nourris.

L’audition des représentants syndicaux a permis de revenir sur le ressenti des salariés pendant toute cette crise, mais aussi de dresser un état des lieux des conditions de travail actuelles sous la nouvelle direction, tout en exprimant leurs inquiétudes et attentes pour l’avenir. Ils ont ainsi relaté leur vécu et le sentiment partagé de revivre les mêmes difficultés sociales qu’auparavant. Ils ont également alerté sur la situation des franchisés non salariés, ainsi que sur la perte d’acquis sociaux subie par les anciens salariés de Casino désormais employés par d’autres enseignes. 

Enfin, de sérieux doutes ont été exprimés quant à la viabilité et au succès du nouveau plan de développement porté par la direction.

Lors de l’audition des dirigeants qui a suivi, j’ai posé des questions précises sur les modalités du plan social, la préservation des emplois ou encore la pérennité du siège social à Saint-Étienne. Bien que les dirigeants du Groupe aient été largement renouvelés il y a un an, j’attendais beaucoup mieux de leur part. Les réponses apportées ont été vagues, générales et peu rassurantes, face aux questionnements des parlementaires et aux attentes légitimes des syndicats et des salariés. Saint-Étienne mérite mieux, les salariés de Casino aussi.

Malheureusement, à l’issue de ces deux auditions, qui seront complétées par des échanges écrits, je considère qu’aucune garantie sérieuse n’a été apportée, ni sur la capacité du Groupe à se relever, ni sur la pérennité des activités à Saint-Étienne, ni même sur une évolution au niveau de la gouvernance de Casino, afin qu’un tel désastre économique ne puisse pas se reproduire.

La commission d’enquête va désormais poursuivre son travail, en étudiant notamment d’autres situations d’entreprises françaises également confrontées à des plans sociaux massifs, avant de rendre ses conclusions fin juin.

Je resterai également pleinement mobilisé localement, aux côtés des salariés et de leurs représentants, afin d’obtenir des garanties sur la préservation des emplois, mais aussi pour suivre de près la stratégie de revitalisation de notre territoire.

Verbatim de mon intervention : 

Merci M. le Président, Bonjour à toutes et à tous. On n’a, je crois, jamais eu autant de représentants d’organisations syndicales dans notre commission d’enquête et je pense que c’était effectivement important de vous entendre. Merci M. le Président, M. le rapporteur, d’avoir accepté la proposition que je vous ai faite de faire de Casino l’un des objets d’études de notre commission. C’était un engagement fort de ma part et je suis ravi qu’on puisse échanger aujourd’hui. Vous dire déjà en préambule, je suis le député de la circonscription du siège social de Casino à Saint-Etienne, député de la Loire. Je sais à toutes et à tous votre besoin de justice, la nécessité d’obtenir des réponses. Je connais votre colère. y compris par rapport au discours ambiant, vous l’avez répété, que Casino finalement a été racheté, Casino est sauvé et donc finalement il n’y a plus de sujet. C’est un discours qui invisibilise la réalité et les destructions d’emplois et l’ambition de notre travail, l’ambition collective, c’est aussi de vous redonner un peu de considération, un peu de dignité parce que nous savons toutes et tous ici que derrière les chiffres il y a des vies qui sont brisées, il y a des familles qui sont détruites et il y a aussi des territoires qui sont en grande souffrance et donc effectivement nous vous apportons à toutes et à tous un soutien ferme.

Reportage France 3 :

Lire dans la presse : 

Commission d’enquête parlementaire : les dirigeants de Casino entendus mardi

Comme If Saint-Etienne l’expliquait dans ce article début avril, le « cas » Casino allait avoir toute sa place annonçait alors, le député stéphanois PS Pierrick Courbon. Non via une commission d’enquête parlementaire spécifique – stratégie évoquée dans notre dossier dès l’automne dernier – mais par le biais d’une commission plus large, consacre sur « les défaillances des pouvoirs publics face à la multiplication des plans de licenciements ».

CASINO. "Des décisions difficiles ont été prises pour sauver l'entreprise", les dirigeants s'expliquent devant les députés

La nouvelle direction du groupe Casino a été entendue ce mardi 13 mai, dans le cadre de la commission d'enquête parlementaire sur "les défaillances des pouvoirs publics face à la multiplication des plans de licenciements". Deux députés de la Loire, Pierrick Courbon (socialiste) et Andrée Taurinya (LFI), les ont questionnés sur l'avenir du groupe ou encore le devenir du siège à Saint-Etienne. EXTRAITS.

Plans sociaux : les explications de Casino devant les députés

Après Michelin le mois dernier, c’était au tour, ce mardi, de la nouvelle direction de Casino et des différentes organisations syndicales du groupe d’être auditionnées par la commission d’enquête sur les défaillances des pouvoirs publics face à la multiplication des plans sociaux.

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