Après plusieurs semaines de travaux, la conférence de financements des infrastructures de mobilité « Avenir France Transports » a rendu ses conclusions le 9 juillet 2025. Les quatre groupes de travail ont formulé des propositions plutôt consensuelles, à commencer par la priorisation à la régénération et à la modernisation de nos infrastructures ferroviaires et routières, vieillissantes du fait de sous-investissements depuis 2017. Elles restent cependant en deçà de l’effort nécessaire pour assurer le développement de mobilités moins carbonées et plus partagées pour l’ensemble des Français.
Je salue la méthode de travail consistant à regrouper une panoplie large d’acteurs du secteur des transports et des décisionnaires politiques pour réfléchir collectivement. Avec mes collègues députés socialistes, nous regrettons en revanche que les ateliers – auxquels ont participé Olivier Jacquin, sénateur de Meurthe-et-Moselle pour le ferroviaire, et Gérard Leseul, député de Seine-Maritime pour le transport de marchandises – aient autant travaillé en silo et que des secteurs aient été complètement sortis des réflexions alors même qu’ils ont un impact carbone important : l’aérien, le maritime et la transition du parc automobile. Si nous nous félicitons d’avoir écarté une taxe sur les billets de train de voyageurs, nous affirmons que l’effort d’investissement sur le réseau ferré ne pourra être principalement assuré par la seule SNCF au travers du fonds de concours auquel ne contribuent pas ses concurrents.
Je salue les premières annonces concernant le fléchage d’une partie des bénéfices des autoroutes, à hauteur de 2,5 milliards d’euros par an, pour régénérer les infrastructures. Cependant, les concessions n’arrivant à échéance qu’à partir de 2032 et les besoins de financements étant immédiats, avec mes collègues députés socialistes, nous continuerons de proposer de nouvelles recettes pour assurer dès à présent un financement pérenne de nos mobilités :
– Mettre à contribution les modes les plus émetteurs (aérien et maritime),
– Généraliser le principe pollueur-payeur, notamment à travers une écocontribution poids lourds dont le montant serait fixé par chaque région ou la mise à contribution de la livraison de colis,
– Reprendre le modèle de financement du Grand Paris Express pour le développement des SERM,
– Revoir les modalités de levée du versement mobilité à travers son taux et son assiette,
– Augmenter la taxe de séjour et la faire varier selon la catégorie des établissements, en fléchant les recettes vers les autorités organisatrices de mobilité,
– Récupérer tous les financements européens possibles, en commençant par les crédits carbone (ETS).
Parce que la réussite de la transition écologique passe par celle des transports, je continuerai de mettre en avant nos propositions pour un modèle de mobilité plus juste, plus partagé et plus efficace pour nos territoires, nos concitoyens et nos entreprises :
– Renforcer le rôle et les missions de l’AFITF,
– Mettre fin à l’actuel système de concessions des autoroutes à la fin des contrats et retrouver une véritable maîtrise publique à travers un établissement public assurant la gestion des autoroutes et du réseau national non concédé,
– Assurer la régénération de l’ensemble du réseau ferroviaire, de la LGV à la «petite ligne», et continuer d’en garantir l’unicité,
– Réguler l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire pour une juste contribution de l’ensemble des acteurs à l’entretien du réseau et une facilité d’accès à l’information pour les voyageurs,
– Relancer le fret ferroviaire avec un soutien pérenne au secteur, des obligations d’embranchement pour les plateformes logistiques et des objectifs pour les chargeurs,
– Aider les collectivités à développer leurs offres de transports collectifs et accessibles à l’ensemble des habitants de nos territoires, à commencer par les SERM,
– Maintenir et renforcer les aides à la conversion du parc automobile : bonus écologique à 5 000 €, prime à la conversion pour les ménages modestes pouvant aller jusqu’à 8 000 €, prêt à taux zéro « mobilité durable », massification de l’offre de leasing social inventé par les socialistes et mis à mal par le gouvernement,
– Assurer la massification du transport routier de marchandises et le verdissement des flottes de camions par la définition et le respect d’une trajectoire de décarbonation.
Le Ministre des Transports a annoncé le dépôt à l’automne d’une loi-cadre définissant les nouveaux équilibres en matière de financement, puis d’une véritable loi de programmation des infrastructures suite au rapport à venir du Conseil d’orientation des infrastructures. Je serai donc particulièrement attentif à ce que l’augmentation de 3 milliards d’euros du budget dédié aux infrastructures et aux transports en commun figure bien dans le projet de loi de Finances pour 2026.

