Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy est le premier chef d’État d’un pays européen à aller en prison. Certains crient au scandale, comme si la justice devait s’arrêter aux puissants. Pour ma part, je pense au contraire que cette condamnation confirme que personne n’est au-dessus des lois.
L’indépendance de la justice, l’abolition des privilèges : c’est la Révolution française de 1789, c’est notre héritage.
Ce qui choque, ce n’est pas que Nicolas Sarkozy aille en prison. C’est qu’il soit reçu par le Président de la République à l’Elysée avant son incarcération et que le ministre de la Justice déclare qu’il ira « le voir en prison ».
Sur ce sujet, le plus haut procureur de France, Rémy Heitz, qui dirige le parquet de la Cour de cassation, a d’ailleurs déclaré qu’une telle visite poserait « un risque d’obstacle à la sérénité de la justice », et « donc d’atteinte à l’indépendance des magistrats ».
Rappelons quand même les faits : Nicolas Sarkozy a été condamné pour « association de malfaiteurs » car ses principaux collaborateurs sont allés en Libye négocier un financement illégal de sa campagne présidentielle de 2027 en échange d’un « blanchiment diplomatique » par la France de Khadafi.
Cette décision a été rendue après 12 ans de procédure, le dossier du procès fait 380 pages.
Nicolas Sarkozy a pu se défendre, il peut aussi faire appel, mais comme n’importe quel justiciable il doit respecter la décision de justice et il est normal que la peine s’applique. Ceux qui appellent constamment à un durcissement des peines ou qui accusent la justice d’être laxiste devraient se réjouir.
Dans ce contexte, les magistrats se retrouvent mis en cause et doivent aujourd’hui justifier leur travail. Lors de l’audience solennelle du tribunal de Saint-Étienne, la semaine dernière, la Procureure et le Président du tribunal ont exprimé leurs inquiétudes face à la remise en cause de l’État de droit et les attaques visant la justice, pratiqués par les soutiens de l’ancien Président de la République. Ils ont rappelé l’importance du principe d’indépendance de la justice comme garantie essentielle d’une société démocratique.
Je resterai activement engagé pour défendre l’intégrité de la justice et le travail des magistrats.

