Dissolution des associations de supporters : mon interview à Ici Saint-Etienne Loire 

À la veille de la manifestation du samedi 29 mars à Saint-Étienne, organisée en soutien aux associations de supporters de l’ASSE menacées de dissolution, j’ai répondu aux questions de Louise Thomann pour Ici Saint-Étienne Loire (ex- France Bleu).

Vous pouvez retrouver ci-dessous l’intégralité de nos échanges :

“Ici Saint-Étienne Loire” : Dès l’annonce de l’organisation de cette manifestation, qui doit se tenir samedi 29 mars à Saint-Etienne, à partir de midi, place Jean-Jaurès, vous avez fait savoir que vous y seriez. Pourquoi ?

Pierrick Courbon, député socialiste de Saint-Étienne : Tout simplement parce qu’en tant que citoyen, en tant que passionné de football, en tant que supporter de l’AS Saint-Étienne, je connais l’attachement viscéral de la population ligérienne et stéphanoise à son club de football et à ses associations de supporters.

Depuis plusieurs semaines maintenant, je suis aussi mobilisé en tant qu’élu pour essayer tout simplement de faire entendre raison au ministre de l’Intérieur, par rapport à ce projet de dissolution, que je considère être un véritable non-sens. Un non-sens parce qu’il cible de mauvaises associations et un non-sens en terme de maintien de la sécurité publique dans et aux abords des stades de football.

Il y a effectivement un certain nombre de problèmes, de débordements, et nous les condamnons, mais aujourd’hui la dissolution telle qu’elle est envisagée est à mes yeux une très mauvaise réponse à un vrai problème.

Concernant la manifestation de demain, l’appel à la mobilisation stipule “pas de drapeaux syndicaux, pas de drapeaux politiques”, vous vous y serez avec votre étiquette du Parti Socialiste ?

Je vais venir en tant qu’individu, je ne vais pas venir avec un drapeau de parti politique ou quoi que ce soit. Vous avez remarqué que sur ce sujet, l’ensemble des élus du territoire sont, et c’est suffisamment rare pour être souligné, à l’unisson. Il n’y a bien évidemment pas de prise de position politique, il y a des prises de position de responsables politiques qui aujourd’hui s’inquiètent des conséquences de ce mauvais projet de dissolution.

Je suis aussi là en tant que supporter, en tant qu’amoureux de mon club de football, et puis aussi en tant que supporter qui a fréquenté et qui fréquente encore assidûment ces tribunes.

Supporter avec une écharpe tricolore en plus. Vous écrivez dans cette tribune publiée dans le journal Le Monde, qui a été signée par certains de vos collègues “Les Républicains” de la Loire, que dissoudre les groupes d’ultra serait un remède pire que le mal ?

Nous sommes toutes et tous d’accord sur la nécessité de lutter contre la violence dans et aux abords des stades. Il n’y a aucun sujet là-dessus.

Mais pour cela, utiliser des mesures qui sont des sanctions collectives, par définition injustes et brutales, qui visent des associations tout entières, ce n’est pas la solution dans la mesure où, en se privant de l’existence de ces associations, les forces de sécurité vont se priver d’instances de dialogue, de partenaires, avec des cadres clairement identifiés qui jouent aujourd’hui un rôle de régulateur, y compris dans la capacité à canaliser un certain nombre de comportements individuels répréhensibles.

La France aujourd’hui est dotée d’un véritable arsenal juridique et législatif pour sanctionner les fauteurs de troubles dans les stades. Il y en a et il faut qu’ils puissent être sanctionnés, mais il faut avant tout privilégier des mesures individuelles. C’est ce que nous pensons, mais c’est aussi ce que pensent un certain nombre d’acteurs de la sécurité. C’est ce que dit le club aussi, qui a pris une position assez inédite. C’est ce que disent aussi des ministres des sports. Tout le monde aujourd’hui dit à peu près la même chose, sauf le ministre de l’Intérieur et ses services.

Puisqu’il y a cette unanimité, pourquoi est-ce que cette procédure est lancée maintenant ? Pourquoi est-ce que Bruno Retailleau cible spécifiquement les supporters ultra et notamment les supporters ultra de l’AS Saint-Étienne qui sont les seuls visés par cette procédure à ce stade ?

On aimerait bien le savoir, dans la mesure où ces procédures de dissolution visaient à la base 9 groupes, puis 5, puis 3, puis uniquement 2 ici à Saint-Étienne. Alors que nous avons des supporters qui sont réputés nationalement et internationalement pour leur ferveur, mais certainement pas pour leurs dérives racistes, identitaires ou néo-nazies telles que l’on peut en connaître dans un certain nombre d’autres stades en France.

La foudre sur Saint-Étienne, c’est véritablement incompréhensible. Oui, il y a eu des débordements. Je ne verse pas dans l’angélisme, je ne fais pas la politique de l’autruche. Il faut sanctionner les débordements par des sanctions individuelles.

Mais aujourd’hui, s’aliéner les supporters, c’est à la fois une mauvaise solution en termes de sécurité publique, et puis, ça va vraiment entraîner, quelque part une disparition de l’âme même du football. A Saint-Étienne on est passionnés de football mais on est aussi passionnés de la ferveur de nos supporters.

Si le Chaudron s’appelle le Chaudron, c’est plus par l’animation et l’engagement de ses supporters et en particulier des ultras avec leurs chants, avec leurs tambours, avec leurs tifos, que par les résultats sportifs de l’équipe en ce moment malheureusement. Donc on ne peut pas se permettre le luxe de se priver de notre douzième homme, à Saint-Étienne comme partout ailleurs.

Parce que le football aujourd’hui est gangréné par un certain nombre de maux, par une financiarisation à outrance, et ce qui reste de populaire dans le foot aujourd’hui, c’est ses tribunes et il faut les préserver à tout prix.

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